LEXIQUE #1: Médiation culturelle avec ARTORA

104factory l’incubateur des industries culturelles et créatives du CENTQUATRE-PARIS lance un nouveau format : les lexiques.

Les lexiques sont un moyen pour les startups incubées d’évoquer leurs activités en clarifiant des terminologies parfois floues pour le public. Les préciser, les définir et les illustrer sont une manière de donner de la visibilité aux entreprises en expliquant très clairement le rôle qu’elles jouent dans le secteur mais surtout dans l’innovation culturelle. 

Pour ce premier format, 104factory a interrogé Artora autour du concept de médiation culturelle

QU’EST CE QUE LA MÉDIATION CULTURELLE ?

La médiation culturelle désigne le processus de mise en relation entre les sphères culturelle et sociale, la construction de nouveaux liens entre politique, culture et espace public. Elle chapeaute un vaste ensemble de pratiques, et vise ultimement à faire de chacun un acteur culturel.

Comment Artora perçoit-elle la médiation culturelle et se cantonne-t-elle uniquement à sa définition institutionnelle ??

La médiation culturelle c’est l’art de parler d’art et d’expliquer le plus clairement possible le message qui est transmis par l’artiste, le curateur ou la curatrice, le porteur ou la porteuse de projet avec le public qui va aller à la rencontre de cette œuvre.

L’objectif de la médiation culturelle est de partager un message, mais surtout de susciter des émotions, de faire appel aux souvenirs et ressentis par les échanges mis en place. 

Il est important d’adapter la médiation culturelle en fonction du public. Il est évident que l’on ne peut pas présenter de la même manière une proposition artistique à des publics plus éloignés, des personnes âgées ou encore à des salariés d’entreprises. Le fond ne sera pas différent mais la forme le sera. 

« La médiation culturelle c’est l’art de parler d’art »

Existe-t-il plusieurs formes de médiations culturelles ?

Au sens restrictif, la médiation culturelle c’est donner des explications face à des œuvres. Néanmoins elle peut passer par différents canaux tels que la création pour expliquer le travail de l’artiste en essayant de comprendre les techniques utilisées, ou par le récit pour les enfants avec une forme d’histoire. La médiation peut revêtir des formes infinies tant qu’elle diffuse un message et qu’elle crée du lien. 

« La médiation peut revêtir des formes infinies tant qu’elle diffuse un message et qu’elle crée du lien »

À titre d’exemple, la médiation culturelle d’Artora est multiple. Elle peut s’illustrer par le prisme des conférences culturelles pour éviter que les publics se déplacent et pour amener la culture chez soi. Effectivement, les établissements tels que les EHPAD, écoles, associations, entreprises choisissent un thème dans un catalogue de plus de 400 références autour d’artistes, de courants, d’œuvres. Les conférences durent une heure et se basent sur un support visuel en mélangeant anecdotes et information pédagogique  pour parler de l’histoire, des techniques, également des émotions suscitées. Mais aussi par des cafés philos, des ateliers d’écritures, des ateliers d’arts plastiques et n’est pas uniquement à destination des personnes âgées. 

© Atelier Artora

© Artora

Pourquoi avoir choisi la médiation culturelle pour faire de l’intergénérationnel ?

La médiation culturelle intergénérationnelle c’est créer un espace d’échange et de partage entre générations en amenant l’art et la culture. Artora met par exemple en relation les jeunes étudiant.es en école d’arts qui sont des professionnel.les en devenir et de l’autre les personnes âgées exclues et qui souhaitent encore pouvoir avoir accès à du contenu par la socialisation.

C’est un projet qui a une résonance particulière car comme tout projet entrepreneurial cela passe par une constatation personnelle de l’exclusion dans les EHPAD et le peu d’animations qui y sont organisées. Lors de la création d’Artora les cofondateur.rices étaient encore étudiant.es et apprenaient énormément de choses au quotidien. Il ne savaient pas comment les partager et du fait de leur manque d’expérience professionnelle, très peu d’offres étaient disponibles. Le pont a été assez évident, d’un côté les étudiant.es étaient exclu.es des missions de médiation et de l’autre les personnes âgées des projets artistiques. Il est important de changer le regard sur les personnes âgées puisque la société valorise très peu la vieillesse, très peu d’initiatives sont à destination de ce public. Pourtant nous vieillissons toutes et tous. Il y a énormément de choses à construire et qui passent par le fait de ne plus avoir peur de l’autre. Artora en allant à la rencontre de ce public participe à son échelle à changer le regard sur les personnes âgées. La médiation culturelle est à double sens : les étudiants partagent leurs connaissances et les personnes âgées du fait de leur expériences, leurs savoir-faire et ressentis.

Finalement la médiation c’est continuer d’apprendre des choses

Comment construire une bonne médiation culturelle ?

Dans de nombreuses institutions ou espaces, les supports de médiation sont trop intellectuels et ne vont pas s’adresser au plus grand nombre. Il est important de simplifier et de s’adapter à n’importe quel public. Vulgariser ne veut pas dire perdre la profondeur du contenu mais l’expliquer d’une autre façon en prenant aussi le temps de le faire. 

Lorsqu’Artora construit ses médiations, elle se base dans un premier temps sur la littérature scientifique existante, se réfère aux publications qui ont été faites lorsque l’artiste est décédé et si l’artiste est encore vivant, elle étudie la manière dont il en parle pour transmettre au mieux les concepts. Par ailleurs, certains mouvements artistiques ou même artistes laissent une grande liberté à l’interprétation du regardeur. 

Quelles sont les qualités d’un bon médiateur et d’une bonne médiatrice ?

Pour la plupart d’entre-nous, nous avons des expériences assez mitigées avec les guides qui n’étaient pas forcément passionné.es et passionnant.es. Pourtant, faire des visites dans les musées ou parler de l’art ça peut et cela doit être passionnant. Ce processus passe par les médiateurs et médiatrices et, les personnes qui sont sélectionnées pour parler d’une œuvre.  

Artora travaille avec des débutant.es du secteur professionnel et doit ainsi donner des bonnes clés pour les former. Le processus se fait en trois étapes et l’équipe s’assure que l’objectif numéro un est bien respecté, c’est à dire de faire en sorte que les moments de médiation soient des moments dynamiques, d’échanges, et que ce ne soit pas une transmission purement descendante mais qu’un lien entre le public et le médiateur soit réalisé. Les équipes d’Artora mettent en place un véritable travail d’accompagnement pour que les médiateurs.rices arrivent à emmener un groupe dans un histoire qu’ils ont construit et qu’ils réussissent à faire vivre ce qu’ils racontent.

© Artora

Pourquoi la médiation culturelle est-elle importante ?

Le rôle de la médiation est de convaincre, de parler d’histoire de l’art et de l’art à toutes et tous. Les enfants ont moins l’habitude d’aller au musée et il faut offrir la même chance de découvrir le sujet. Nous ne sommes pas toutes et tous obligés d’être fan d’histoire de l’art, le fait d’y aller et de découvrir l’offre culturelle cela permet d’avoir une ouverture d’esprit et de dire si cela nous plaît ou non. Par exemple, la médiation culturelle d’Artora s’organise en plusieurs étapes. Ils présentent dans un  premier temps les artistes, puis vont avec les enfants dans le musée voir les œuvres et organisent dans un troisième temps des ateliers pour stimuler la créativité . En effet, le principe de la médiation culturelle est d’apprendre à bien regarder. Souvent le public regarde de façon très superficielle, en intégrant cette dynamique du regard, le public construit son avis et son esprit critique sur une œuvre. 

L’enjeu aujourd’hui de la médiation est de réussir à parler concrètement à tous les publics, avec l’idée que la culture est ouverte à toutes et tous. Néanmoins il existe un décalage et il n’est pas facile d’aller voir l’intégralité des publics. Il est important de le faire au maximum en allant toujours vers plus d’échanges, de liens et de créativité. 

 

Rencontre avec Laura Largillet, cofondatrice d’Artora

Artora est une agence de médiation culturelle qui a pour spécificité de travailler avec des séniors dans des EHPAD, résidences séniors ou clubs seniors. 

Nous proposons des conférences données par des étudiants spécialistes dans leur domaine. Cela permet d’entraîner la mémoire des séniors tout en leur faisant bénéficier d’une animation de qualité, intellectuellement stimulante et plaisante tout en permettant aux étudiants d’avoir un job étudiant formateur et utile.


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